
Deux tribus amazoniennes, les Vanos et les Hasgan, se répartissent un territoire grâce à son fleuve délimitant l’espace à vivre. Si elles se tolèrent, elles ont très peu de contacts entre elles et lorsque c’est le cas, l’ambiance est plutôt hostile. Mais la saison des pluies approche et les vivres commencent à manquer chez les Vanos qui savent bien que les ressources naturelles se trouvent actuellement de l’autre côté de la rivière. Ils se doivent d’agir pour leur survie du peuple et, devant l’urgence de la situation, l’unique solution semble être le combat.
Les hommes de la tribu mettent leur tenue, prennent les armes et entament la route vers le fleuve, bien décidés à le traverser à cheval pour surprendre les Hasgan au lever du soleil. Mais arrivés devant le fleuve, ces derniers sont déjà postés puisqu’un de leur guetteur a vu du mouvement très tôt le matin même. Tout le monde semble prêt à lever les armes, les uns par instinct de survie, les autres pour protéger leur territoire du pillage.
Mais un orage gronde et avec lui un énorme nuage noir juste au-dessus de leurs têtes. Sans qu’ils ne comprennent la situation, un éclair surgit, tous les corps tombent à terre et leurs esprits se dirigent vers le nuage. Les voici mélangés les uns contre les autres dans une ondée électrique qui leur fait tourner la tête, perdre la notion du temps et de l’espace. Ils ne voient plus rien, deviennent aveugles avec la sensation de devenir complètement fous. Leur respiration devient saccadée les menant jusqu’à une sensation d’étouffement, ils ne parviennent plus à parler, une irritation puissante leur prend la bouche, la gorge jusqu’aux intestins, leur cœur palpite.
Alors que la mort leur semble toute proche, voici que leurs esprits se mêlent à l’eau de cet énorme nuage obscur et qu’ils prennent la direction du fleuve grâce à la pluie qui tombe à torrent maintenant. Leur route se poursuit le long du cours d’eau jusqu’à arriver à une cascade. La chute est brutale mais les voici au cœur d’une étendue d’eau qui semblent bien plus calme à présent, avec l’espoir de retrouver leurs corps à présent. Mais il en sera autrement…
Des crocodiles rodent autour d’eux en cercle, sentant la présence d’intrus dans leur monde aquatique et sur leur territoire, ils n’aiment guère avoir de la visite et préfèrent qu’on les laisse tranquille. Nos deux tribus jusqu’alors séparées par des enjeux marquant leurs différences, décident de faire front et de se souder ensemble pour offrir au monde subaquatique une version plus unie et plus imposante que quelques esprits apeurés. Les esprits s’accrochent les uns aux autres jusqu’à former une longue trame recouvrant le fond de l’eau. Ils se fondent, épousent l’environnement, devenant invisibles à la perception des crocodiles qui décident de partir du lieu. Ils goutent ainsi à la paix d’avoir pu compter sur les leurs, peu importe la tribu, mais ils comprennent aussi le devoir qui doit être le leur à présent de respecter leurs territoires au-delà des différences apparentes. Ils ne sont que la continuité du monde qui les entoure et leur offrira toujours ce dont ils ont besoin.
Ainsi en paix au fond de l’eau, les esprits se séparent pour rejoindre leurs corps de chair. Ils se lèvent, se regardent, un sourire paisible sur leur visage. Ils savent que chacun d’eux est bienvenu sur les terres de l’autre et pourra vivre de ce que l’ensemble du territoire s’offrent à eux, avec la sagesse de la nature.